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[TEST] Pourquoi Persona 5 Royal est LE jeu du confinement

Détendez-vous, vous êtes arrivés. Vous descendez de la rame… et le choc. Tout est différent. Les panneaux sont écrits dans une drôle de langue, dans de drôles de signes. Les couloirs du métro sont plus propres que jamais, et ça vous étonne ! D’habitude, les chewing-gum jonchent le sol et l’odeur d’urine empeste dans l’air. Mais l’heure n’est pas à la comparaison : vous sortez enfin de ce réseau souterrain, montez les marches, et devant vous, un endroit dont vous aviez déjà entendu parlé, qui vous avait déjà tant fasciné : le mythique Shibuya Crossing, immense passage piéton tokyoïte ou se ruent des milliers de Japonais chaque matin. “On n’a pas le temps de flâner Joker, on doit lui voler son coeur !” Cette voix… ? Serait-ce le chat qui se cache dans votre sac ? “Moi, c’est Morgana, et bienvenue dans Persona 5 Royal !”

[TEST] Pourquoi Persona 5 Royal est LE jeu du confinement

Cette introduction, inventée par nos soins, vous l’avez peut-être déjà vécue il y a trois ans. Persona 5 Royal, disponible en exclusivité sur Playstation 4, est en effet une version améliorée du titre du même nom, sorti en 2017 sur Playstation 3 et Playstation 4. En ces temps qui paraissent déjà bien lointains, le dernier-né du studio Atlus n’était disponible qu’en langues japonaises et anglaises, et donc inaccessible à bon nombre de joueurs européens. C’est désormais du passé, car cette itération “royale”, disponible depuis le 31 mars, apporte des sous-titres français, mais également allemands et italiens. Elle sublime, en sus, la partie visuelle du titre (dont la patte artistique est folle) et rajoute près de 30 heures de contenu supplémentaire, savamment distillé durant l’aventure d’antan et à son dénouement – pourvu que vous remplissiez certaines conditions de jeu que nous vous laissons découvrir à la fin du test…

“30 heures de jeu supplémentaires ? Mais c’est énorme !”, vous exclamez-vous sûrement devant votre écran, la sueur au front. Et pourtant, ce contenu additionnel n’est qu’une goutte d’eau dans l’immensité de ce que vous propose Persona 5 Royal. Il est ce qu’on appelle un J-RPG pur jus, où l’on vous balancera au visage des dizaines et des dizaines de tâches, majoritairement secondaires, à effectuer durant la centaine d’heures que le titre vous impose. Si vous n’avez pas le temps ni l’envie de vous plonger dans un jeu vidéo, passez votre chemin : Persona 5 Royal n’est pas fait pour vous. Mais le titre a eu cette chance de sortir en plein confinement – il est donc idéal si vous trouvez les minutes longues.

Là où Persona 5 Royal, et Persona 5 tout court, se distingue des dizaines de jeux de rôle au gros contenu insipide, c’est qu’il vous immerge dans un univers qui, à titre purement subjectif, ne nous avait jamais autant dépaysé. Cette œuvre hors norme vous fera incarner un lycéen japonais, débouté de son quotidien après avoir été condamné suite à une altercation avec un homme influent, qui harcelait sexuellement une passante. Dans un pays où 99,9% des accusés finissent en prison, le jeune homme devra effectuer une période de probation d’un an, loin de chez lui. Débarqué dans la capitale tokyoïte, il va devoir reconstruire son quotidien dans un nouveau lycée, avec un tuteur qui ne semble pas le tenir particulièrement en estime. Mais dès le premier jour de cours, il se découvre un étrange pouvoir : celui de cumuler les Persona et d’arpenter un monde parallèle, dans lequel il pourra voler le coeur des Hommes…

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Le système des Personas

Dérivée des Shin Megama Tensei, la saga des Persona est née en 1996. Il faudra attendre le 3e épisode, en 2007, pour la voir débarquer en Europe ! Malheureusement, les sous-tires français n’arriveront qu’avec ce Persona 5 Royal – d’où l’existence de cette partie pour comprendre la mécanique fondamentale de cette série phénomène au Japon, mais trop méconnue en France.

Une Persona est la manifestation de la psyché d’une personne. Autrement dit, c’est sa personnalité profonde. Chaque individu dispose donc d’une Persona, elle-même provenant de diverses mythologies, inspirée de divinités, ou même de figures historiques célèbres, réelles ou de fiction. Si, dans Persona 4 par exemple, une Persona était invoquée via une carte de tarot, Persona 5 privilégie les masques – non chirurgicaux, même en ces temps de coronavirus. En tout début d’aventure, le personnage principal, Joker, est associé à Arsène, le maître-voleur, mais il découvre qu’il peut switcher entre diverses Persona à capturer au fil des combats.

Chaque Persona fait partie d’une « classe », ou arcane. Disposer d’une Persona « Le Diable » ou « Le Pape » vous permettra de nouer de plus profondes relations avec les PNJ liés à cette même arcane. Mais surtout, vous aurez accès à différents pouvoirs. Les Persona « La Foi » seront tournés vers des sorts de type bénis, par exemple, tandis que les Persona « Le Chariot » profiteront de sorts de type électrique. N’importe quelle Persona peut être créée dans la « Chambre de Velours », sorte de purgatoire, où Igor, un étrange personnage, vous proposera de fusionner les vôtres pour en créer de nouvelles. En bref, ce système de Persona, quelque peu similaire à celui des Pokémon, est non seulement passionnant mais aussi impactant sur les deux versants du titre, que nous développons ci-après.

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Igor, le terrifiant maître de la chambre de velours

Deux jeux en un

Ce synopsis ambitieux se traduit par un double système de jeu. Le premier, dans le monde réel, se rapproche de la visual novel et vous embarquera dans le train-train quotidien d’un étudiant lambda : vous suivrez jour après jour le calendrier scolaire japonais, d’avril à février. La journée, vous assisterez aux cours de vos professeurs, répondrez à leurs interrogations, puis, en fin d’après-midi et le soir, vous aurez du temps libre à répartir entre de nombreuses activités. Puisque calqué sur la réalité, le temps in-game est limité : vous devrez donc faire des choix et trancher par exemple entre votre travail à mi-temps, qui vous rapportera de l’argent, vos études, qui boostera votre connaissance, sans oublier vos amis, aussi appelées « confidents ». Vous pourrez ainsi en découvrir plus sur le passé de vos compagnons de route, mais surtout disposer de nouveaux pouvoirs dans le métaverse, ce monde alternatif mentionné plus haut.

Ce dernier constitue alors le cœur du jeu, et c’est peu dire, car c’est ici que vous volerez celui de vos ennemis. Le métaverse vous permet de vous balader, d’abord, dans le mémento, ajout majeur de cette version royale. Le mémento est ni plus ni moins qu’un métro souterrain, qui vous permettra d’accomplir des quêtes secondaires, d’engranger de l’expérience, de capturer de nouvelles Persona et de rencontrer José, un nouveau personnage qui récompensera votre exploration. Vous déambulerez également dans les « Palais » de vos cibles, d’immenses donjons où pléthore d’ennemis vous attendent.

[TEST] Pourquoi Persona 5 Royal est LE jeu du confinement

Des combats classiques mais sublimés par une direction artistique folle

Dans l’enfer du J-RPG

Là où Persona 5 Royal tire son épingle du jeu, c’est qu’il se veut original tout en utilisant les mécaniques les plus conventionnelles de l’histoire du J-RPG. Dans les Palais, vous serez confrontés à des Ombres, groupes d’ennemis que vous pourrez fuir, surprendre en les attaquant par-derrière ou affronter de face. Les combats se déroulent au tour par tour, dans le classicisme le plus absolu : barres de magie, attaques physiques, attaques à distance, compétences spéciales… les poncifs du J-RPG sont bien ancrés !

Pour autant, un système de négociation avec les démons et Personas que vous affronterez est présent, afin de les capturer ou d’obtenir auprès d’eux argent ou objets. Il vous faudra, pour y accéder, cibler la faiblesse de vos ennemis, face au vent, au feu, à la malédiction, etc. On reprochera certes à Persona 5 Royal un quelconque déjà-vu dans ses combats, mais il ne verse jamais dans le copié-collé : le titre est en effet sauvé par sa patte artistique folle et ses effets visuels artistiquement spectaculaires. Mention spéciale aux… « spéciaux », justement, nouveautés de cette version royale, qui se déclenchent via une courte scène digne des meilleurs mangas.

Sur la technique pure, il est difficile d’affirmer que Persona 5 Royal est l’un des ténors de la génération. Le titre, qui devait sortir initialement en 2014 sur PS3 ( ! ), est plutôt pauvre graphiquement parlant, mais encore une fois, son côté anime résolument assumé le sauve du naufrage absolu et fait même mieux : il lui insuffle une âme, qui vous plonge dans son univers sans jamais vous lâcher. Un simple coup d’œil aux menus devrait vous en convaincre, avec ses tons rouges, blancs et noir, et ses cases typées comics ! Alors oui, parfois, on perd en lisibilité, mais une telle ambiance le vaut bien.

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Des menus qui transpirent la passion

Tokyo dans votre salon

Et cette ambiance, elle s’impose à chaque seconde de votre aventure. De par ses personnages, dans un premier temps. que l’on pourrait penser cliché à leur découverte… avant de comprendre leur motivation profonde. Persona 5 Royal excelle d’ailleurs dans son écriture, que l’on pourrait penser niaise à en pleurer, et qui se révèle surprenante d’heures en heures. Le scénario ne narre pas uniquement le fameux « pouvoir de l’amitié », mais aborde des thématiques plus adultes, tels que le sexe, l’influence, le suicide et le monde politique. Un vrai tour de force qui ne pourra s’admirer que si vous persistez dans la découverte du jeu, qui, admettons-le, met énormément de temps à démarrer.

Mais surtout, l’ambiance du titre se ressent de par ses environnements. Tout sent bon le Japon et, pour peu que vous y êtes déjà allé, vous allez sans nul doute reconnaître les lieux déjà visités. Lorsque vous arpenterez, de nuit, le quartier de Akihabara, paradis geek sur Terre, vous toucherez presque les figurines collector que l’on y vend. Lorsque vous prendrez la ligne de métro reliant Yongen-Jaya à Shinjuku, vous y serez, dans ces rames bondées et avec ces Japonais masqués. Lorsque vous vous baladerez dans la rue principale de Shibuya le 31 octobre, vous entendrez presque les enfants chassant les bonbons ! Car oui, calendrier à suivre obligé, l’année est ponctuée des événements que les Japonais ont l’habitude de voir dans leurs rues, à savoir l’éclosion des cerisiers, la rentrée des classes, Noël… On en passe et des meilleurs.

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Cet univers si distinct s’accompagne en sus d’une géniale OST, mixant la pop et le jazz, souvent chantée, et encore une fois apportant un vent de fraîcheur dans le milieu du jeu vidéo. Soyez-en persuadé : Persona 5 Royal est un titre qui a de la gueule !

En bref, Persona 5 Royal est une aventure hors-norme. Avec sa centaine d’heures de contenu, ses combats au tour par tour riches, son exploration addictive, ses personnages attachants, ses graphismes chatoyants et son scénario bien plus profond qu’il n’y paraît, le dernier-né du studio japonais Atlus est un bijou qu’il serait stupide de manquer. Que vous soyez un habitué des J-RPG ou un total novice (comme l’auteur de ces lignes), l’exclusivité PlayStation 4 vous emmènera à des milliers de kilomètres de ce maudit confinement. Et rien que pour sa capacité à vous faire voyager, Persona 5 Royal s’impose comme un incontournable.

La note World is Small

19/20

Comment débloquer le dernier trimestre de Persona 5 Royal ?

Nous nous devions d’aborder un tout dernier point. Le dernier trimestre, exclusif à cette version royale, est manquable. Pour pouvoir y jouer, vous devez impérativement monter au rang 9 le confident Tatuko Maruki, au lycée, avant le 17/11. Faites-le dès que possible, au risque de manquer une trentaine d’heures de jeu supplémentaire.

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