Le piratage informatique ne se limite pas aux ordinateurs. Il visera bientôt les automobiles et les avions, avertit Alberto Sangiovanni-Vincentelli, spécialiste mondial de l’internet embarqué.
Oui, absolument. Les automobiles vont être toujours plus connectées, à la manière d’un ordinateur ou d’un téléphone mobile, et seront donc plus vulnérables.
Par wi-fi, ou lorsque vous branchez votre smartphone à l’ordinateur du véhicule. Ce sont des portes d’entrée pour les virus qui peuvent ensuite influencer tous les systèmes embarqués. Une clé USB connectée à l’autoradio peut aussi être un vecteur. La contamination pourrait être massive, comme sur les ordinateurs. Il n’y a aucune différence.
Oui, les attaques malveillantes peuvent interférer avec le système de freinage, contrôler le volant, enclencher ou éteindre le moteur. Des expériences ont été menées à l’Université de San Diego et de Washington et c’est tout à fait faisable. Les chercheurs sont même parvenus à programmer un virus qui s’efface et ne laisse aucune trace après avoir provoqué un accident.
A ma connaissance aucun cyber-criminel ne l’a fait pour l’instant, car personne n’a encore trouvé comment se faire de l’argent avec ces méthodes. Mais ça va arriver. D’autant qu’il est plus facile aujourd’hui de pirater une voiture qu’un ordinateur portable.
Dans le domaine des transports, les avions sont également une cible de choix. On peut aussi penser aux systèmes qui contrôlent les réseaux électriques, la distribution d’eau. Chaque infrastructure contrôlée par un ordinateur est vulnérable. L’informatique médicale est également exposée. Certains malades ont le corps couvert de capteurs pour évaluer leur niveau de santé et permettre une intervention rapidement lors de défaillances cardiaques par exemple. En prenant le contrôle d’un de ces systèmes, vous pouvez tuer quelqu’un.
Nous allons évoluer dans un «essaim sensoriel». L’utilisateur ne se baladera plus avec un terminal portable, laptop, tablette, smartphone ou autre, mais sera constamment connecté au réseau par des capteurs de diverses natures disséminés dans l’environnement. Aujourd’hui, vous enregistrez cette interview sur un dictaphone. A l’avenir, des microphones placés dans la salle enverront directement notre conversation vers votre poste de travail. D’ici 2025, il y a aura 1’000 objets connectés au net pour chaque personne. Avec toutes les questions de sécurité que cela implique. Connecté rime avec vulnérabilité.