On le caractérisait de jeu vidéo le plus attendu de 2020. Depuis sa sortie vendredi 10 décembre, Cyberpunk est qualifié de catastrophe. Déjà bien pourrie par le Covid, l’année 2020 s’est effectivement offerte une ultime déception qui viendra ternir l’esprit et le porte-feuille des gamers, pourtant gâtés par plusieurs centaines de jours riches en titres (The Last of Us Part II, Final Fantasy VII Remake, Assassin’s Creed Valhalla, Persona 5 Royale…).
Cyberpunk 2077, développé par les Polonais de CD Projekt, déjà derrière l’excellentissime The Witcher 3, avait pourtant tout pour plaire depuis son annonce… en 2012. Une ambiance à la Blade Runner dans une ville fourmillant de détails, un scénario mature où vos choix modifient la trame, un jeu de rôle à la liberté d’action jamais vue… Finalement, les acquéreurs du titre, sur console surtout, ont eu droit à un open world vide, rempli de godemichets (oui, sans rire), aux personnages caricaturaux, à l’intelligence artificielle ratée et, surtout, aux bugs en tout genre. Textures qui ne se chargent pas, clipping, tearing, aliasing, freezes, crash…
Jeuxvideo.com écrira, concernant les versions PS4 et Xbox One : “les consoles semblent tellement souffrir qu’il faudra éviter à tout prix d’ouvrir un quelconque menu (coup de fil, carte, inventaire), lorsque vous êtes en mouvement, faute de quoi vous pourrez déclencher de très longs freezes, qui peuvent conduire à faire purement et simplement crasher des scripts de mission.” Avant d’attribuer la note de 7/20. Et Gameblog de noter le jeu 4/10, en publiant : “la ville, qui conserve son ambiance sonore, encore heureux, apparaît, surtout en journée, bien fade, terne, habillée d’un voile flou pas très seyant. Et les freezes continuent. Beaucoup trop de choses poppent au dernier moment. Au bout d’un loading se trouve un blocage.”
Quel dommage, d’autant que le titre sur PC, toujours décevant, tourne correctement sur de grosses configurations ! Mais les versions consoles, les plus vendues, entraînent un bad buzz comme rarement vu dans l’industrie vidéoludique. CD Projekt, qui avait repoussé par 3 fois son jeu événement, n’a toujours pas réagi. Impossible pour le studio de rembourser les copies physiques consoles, et difficile de patcher à l’envi un jeu trop ambitieux pour des machines trop peu puissantes – qui font pourtant fonctionner The Last of Us Part II et Gears 5.
Face à cette impasse, CD Projekt chute en bourse. En l’espace d’une semaine, l’action du studio polonais a encaissé une chute de 29% de sa valeur à la bourse de Varsovie : chaque action cotée 443 złoty (environ 100 euros) au 4 décembre est désormais affichée à 314 złoty (environ 71 euros). Sur un mois, la courbe est sans équivoque. La capitalisation boursière a diminué de plus d’un milliard de dollars. C’est la débandade pour CD Projekt, qui voit sa réputation se déliter.
La production de Cyberpunk 2077 aurait coûté la coquette somme de 328 millions de dollars (qui comprend à la fois le développement et les dépenses marketing) selon la banque polonaise BOS. CD Projekt affirme sur Twitter que le jeu a généré 50 millions de dollars uniquement sur Steam ces deux dernières semaines, avec 80% des revenus qui vont directement dans la poche de CD Projekt Red. Et sur les 8 millions de précommandes annoncées, 59% ont été réalisées sur PC, tandis que les 41% restants se sont faites sur consoles, sachant que 74% des ventes ont été réalisées en digital contre 26% pour les versions physiques.
CD Projekt va-t-il s’en relever ? Seul un patch next-gen extrêmement réussi pourrait redorer leur blason. Mais il n’arriverait pas avant 2021…