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Rachat de SFR : bras de fer entre Bouygues Telecom et Free

Les discussions autour du rachat de SFR s’embourbent et les tensions entre Bouygues Telecom et Free compliquent encore la situation. Les deux opérateurs, pourtant réunis autour d’un projet commun, peinent à s’accorder sur la répartition des activités de SFR.

Au cœur de la discorde : les 5 millions d’abonnés de SFR RED, marque low-cost en pleine croissance, convoitée particulièrement par Free. Pour Xavier Niel, l’enjeu est d’attirer ces clients sans reprendre la marque elle-même, évaluée à 4 milliards d’euros par SFR. Bouygues Telecom refuse, lui, de laisser tout ce segment stratégique à son rival.

Rivalité historique

La rivalité historique entre Xavier Niel et Martin Bouygues n’arrange rien, malgré un rapprochement affiché par leurs lieutenants, Thomas Reynaud et Olivier Roussat, au printemps dernier. La tension est montée d’un cran depuis l’été, au point que certains observateurs craignent un abandon des négociations d’ici la mi-octobre si aucun compromis n’est trouvé.

Patrick Drahi, propriétaire de SFR, s’est lui-même impliqué fin août, rencontrant successivement Martin Bouygues, Xavier Niel et Christel Heydemann, la patronne d’Orange, afin d’inciter les candidats à formuler des offres concrètes. L’enjeu est d’autant plus pressant que la dette de SFR doit être réduite de 24 à 15 milliards d’euros.

Autre point de friction : le réseau mobile Crozon, exploité conjointement par Bouygues Telecom et SFR. Bouygues souhaite racheter la moitié du réseau mais redoute une explosion des coûts estimés à 1,5 milliard d’euros sur cinq ans. Il demande donc à Free une compensation de 2 milliards, une exigence jugée disproportionnée par le camp Niel.

En parallèle, Orange s’invite dans la bataille. L’opérateur historique discute avec Bouygues pour récupérer certains abonnés SFR et lorgne aussi sur des fréquences supplémentaires. Mais son rôle interroge : lié à Free par un accord de location de réseau, il pourrait indirectement favoriser ses intérêts, ce qui attise la méfiance de Bouygues. Dans ce jeu d’alliances mouvantes, le futur de SFR reste pour l’instant suspendu à des négociations extrêmement tendues.

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Publié par
Steve