Le gouvernement britannique ambitionne de déployer d’ici 2030 une technologie digne de Minority Report avec le lancement du Concentration of Crime Data Challenge, un projet visant à créer une carte criminelle en temps réel grâce à l’intelligence artificielle.
Soutenue par un financement initial de 4 millions de livres sterling (4,63 millions d’euros), cette initiative s’inscrit dans un programme de 500 millions de livres destiné à accélérer la recherche et l’innovation technologique.
L’objectif est de concevoir une carte prédictive capable de repérer les zones à risque pour des délits spécifiques, comme les crimes au couteau ou les comportements antisociaux. Les données collectées proviendront des forces de police, des collectivités locales et des services sociaux, intégrant notamment les antécédents criminels ou les comportements de délinquants connus.
Cette technologie permettra aux autorités d’intervenir en amont pour tenter de prévenir certains actes. Le secrétaire à la Technologie, Peter Kyle, affirme que l’IA sera mise au service des victimes et de la majorité respectueuse des lois.
Ce projet s’inscrit dans la mission Safer Streets, qui vise à réduire de moitié les crimes au couteau et les violences faites aux femmes dans la décennie à venir.
L’annonce a reçu un soutien notable de plusieurs organisations, comme Neighbourhood Watch et The Ben Kinsella Trust, qui y voient un outil efficace pour optimiser la répartition des ressources policières. Cependant, des critiques émergent.
Tracey Burley, directrice générale de St Giles Trust, alerte sur le risque que certaines communautés soient injustement ciblées. Elle rappelle l’importance de compléter l’IA par des mesures éprouvées, telles que l’accompagnement des jeunes à risque et la lutte contre les causes structurelles comme la pauvreté et les inégalités.
Enfin, un point d’ombre demeure : aucune précision n’a été donnée concernant les garde-fous éthiques ou juridiques entourant l’usage des données sensibles.
Cette omission soulève des inquiétudes quant à la transparence et à la protection des citoyens, alors même que le Royaume-Uni exige des garanties de sécurité pour les entreprises d’IA.