L’association autrichienne Noyb, réputée pour son engagement en faveur de la vie privée numérique, vient de lancer une mise en demeure à l’encontre de Meta.
En ligne de mire : le projet controversé du groupe américain d’utiliser les données personnelles des utilisateurs européens pour entraîner ses modèles d’intelligence artificielle. Une décision qui soulève de sérieuses interrogations sur sa conformité au Règlement général sur la protection des données (RGPD).
Meta, maison mère de Facebook et Instagram, a annoncé que dès le 27 mai, les contenus publics partagés sur ses plateformes pourraient être utilisés pour améliorer ses outils d’IA générative. Si les utilisateurs ont la possibilité de s’y opposer, cela ne suffit pas à convaincre les défenseurs de la vie privée.
Le groupe justifie cette démarche par un « intérêt légitime », une base juridique autorisée par le RGPD, mais dont la pertinence est ici fortement contestée. Pour Noyb, il s’agit avant tout d’un écran de fumée destiné à éviter de recueillir le consentement explicite des utilisateurs.
Max Schrems, fondateur de l’association, n’a pas hésité à dénoncer cette logique : « Meta prétend devoir voler les données personnelles de tout le monde pour entraîner son IA, c’est absurde et risible », a-t-il déclaré. Il souligne que d’autres entreprises parviennent à concevoir des modèles puissants sans recourir à une collecte massive de données personnelles. Il estime d’ailleurs qu’un consentement même partiel – ne serait-ce que 10 % des utilisateurs européens – suffirait à constituer un corpus linguistique efficace.
Noyb accuse Meta de sacrifier les droits fondamentaux des utilisateurs sur l’autel de l’innovation technologique. Ce bras de fer n’est pas inédit. En 2024, Noyb avait déjà forcé Meta à faire marche arrière sur un projet similaire, après avoir saisi les autorités de protection des données de 11 pays européens.