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OnlyFans, le réseau social porno où l’on paie pour des photos de pieds

Il y eut d’abord les Youtubeurs. Puis les Instagrammeurs. Et les Tiktokeurs. De nouveaux métiers qui mettaient en avant la créativité, le dévouement et le divertissement. Aujourd’hui, certaines de ces “e-célébrités” ont découvert un moyen plus facile de gagner de l’argent. Un réseau social où il suffit de montrer son corps à quelques privilégiés. Ce réseau social, c’est OnlyFans, un véritable OVNI qui se cache derrière l’engagement des internautes pour donner accès à des photos à la limite de la pornographie.

OnlyFans, ou quand l’exhibitionnisme s’ubérise.

En quatre ans seulement, la plateforme a conquis pas moins de 20 millions d’utilisateurs, dont un paquet de “créateurs” de contenu. Le réseau s’offre régulièrement le top des tendances Twitter de par son concept racoleur. Comme Instagram, OnlyFans est une plateforme de partage de photos et de vidéos. Chacun peut poster la publication qu’il veut. En revanche, pour qu’un internaute puisse y accéder, il faut obligatoirement payer. C’est, en quelque sorte, l’équivalent d’un abonnement premium à un journal… mais sans journal. Et plus cher. Beaucoup plus cher. Le prix minimum pour pouvoir accéder aux contenus d’un compte, c’est 5 euros par mois. Par compte.

Evidemment, sur OnlyFans, les prix ne sont pas plafonnés – ce qui les détermine, c’est la vision de soi qu’a le “créateur”. Et à ce petit jeu, certains devenus melons dépassent allègrement la barre des 30 euros. C’est affreusement cher, d’où l’existence de sites qui, sous le coude, postent gratuitement les contenus des comptes populaires.

En traînant ça et là sur les forums, les liens se refilent par dizaines en messages privés. Un simple clic permet de comprendre la proposition si particulière d’OnlyFans. La grande majorité des créateurs de contenus présents sur le réseau ne “créent”, en fait, pas grand chose, mais se contentent plutôt de publier des photos d’eux, jambes subtilement écartées, les pieds sur l’objectif de la caméra, en petite tenue ou pire, entièrement nus. De la prostitution plus ou moins assumée, à l’instar des fameuses cam girls qui pullulent sur les sites pornos. Sauf qu’ici, les individus concernés ont créé, en amont, un lien particulier avec leur communauté sur les réseaux sociaux. Ils ne dépassent, au final, qu’un pallier d’exhibition de plus de leur intimité.

Le type de suggestions proposées à l’entrée du site

Uber et OnlyFans, même combat

Un système qui en dit long sur la volonté commerciale du PDG Tim Stokely, qui affirme dans une interview qu’OnlyFans récupère 20% de commission sur chaque versement effectué par les internautes. Selon lui, OnlyFans fonctionne comme un certain Uber, maître dans l’auto-entreprenariat de masse : “A la façon d’Uber, qui permet de monétiser son véhicule, OnlyFans permet à quiconque de monétiser son propre contenu. Tout comme Uber est une optimisation de votre véhicule, OnlyFans est une optimisation de vos réseaux sociaux.”

Mais contrairement à Uber, OnlyFans peut très, très, très bien rémunérer. La preuve avec ses “influenceuses” qui fixent les prix selon le degré d’exhibition de la photo. En s’inscrivant sur le réseau, on reçoit d’ores et déjà des mails promotionnels de “créateurs”, ou de “bots”, c’est selon, qui indique un prix de 55$ pour une vidéo de bienvenue, de 75$ pour une photo topless, ou de 400$ pour des “pussy play videos”. Sympathique. L’une des stars de la plateforme, Monica Huldt, a raconté à Business Insider gagner plus de 100.000 dollars (92.000 euros) par an grâce à son compte. Florissant, donc.

Evidemment, ces prix ne correspondent pas à la réalité de l’immense majorité des utilisateurs, qui croient en des modèles vainqueurs pour arrondir leur fin de mois. Interrogé par le journal Marianne, Alex expliquait ne “gagner quasiment rien”. “Avant, je faisais déjà du porno. J’envoyais des vidéos ou des photos de moi via une messagerie instantanée en échange d’un paiement. Je me suis inscrit sur OnlyFans après m’être fait bannir de PayPal (système de paiement en ligne) parce que j’étais travailleur du sexe.”

Pour ces personnes qui ne sont pas “influenceurs”, une activité telle qu’OnlyFans “pèse psychologiquement”. Le jeune homme déplorait d’ailleurs l’absence “de structure de soutien” chez OnlyFans, et la sensation d’avancer “en solitaire”. Sur ce point, Tim Stokely a peut-être raison : OnlyFans, c’est pas si différent d’Uber.

Steve Tenré

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